LES MAINS BLEUS

Je peins des mains comme autant de symboles pour essayer de dire l’homme. Des mains qui donnent et qui reçoivent. Des mains qui cherchent, des mains qui se cherchent.

Ce sont peut être des mains en prière.

Pas deux mains jointes comme nous les avons vues et souvent admirées dans la peinture occidentale. Non, une main seule, comme un être solitaire. Seul et debout. Oui, surtout debout, dressé là comme une pierre levée. Je veux voir cette main qui incarne une espérance folle et ancienne.

Je peins des mains qui cherchent, parce que c’est le chemin qui m’intéresse et non le but.

Je peins des mains qui tentent un geste nouveau, un geste inconnu par toutes les mains depuis la première empreinte dans une grotte.

Qui comprendra cette nécessité d’esquisser un geste impossible ? N’est-ce pourtant pas cela « créer » ? Tenter « l’impossible » et découvrir peut être quelque chose de nouveau à partir de sa propre main. D’une simple main.

Mains aux mille doigts.

Des mains bleus aux mille doigts, comme mille tentatives pour dire l’homme, sa quête, l’amour et l’espoir.

Des mains bleus : bleu Klein qui se jette dans le vide, bleu Matisse qui découpe une fleur, bleu vitrail, bleu gothique, bleu trop bleu pour un ciel ordinaire…

Je peins des mains pour dire encore et toujours la beauté, la beauté « à porté de main ». La beauté cachée, parfois ignoré, souvent bafouée.

Revenir à la main, toujours ! Parce que la main a ses raisons que même le cœur ignore…

Je peins la main seule, ainsi elle sera plus nue.

 

image : vue d’atelier mai 2019