Hommage au Douanier Rousseau

J’avais commencé ce diptyque à un moment où je n’arrivais pas à m’ ôter « la chevauché de la discorde » de la tête. Il y a des « images » qui vous collent à la peau, qui s’incrustent comme des parasites et qui finissent par faire leur nid dans votre cerveau. On n’y peux rien.

A l’atelier, aucune reproduction de cette œuvre d’Henri Rousseau sous les yeux, pas la peine ! Le souvenir du choc ressenti devant cette toile au musée d’Orsay avait grandi et pris une dimension irrationnelle et mythique.

Vouloir rendre hommage à quelqu’un est un exercice périlleux. Mais loin de toute ambition vaniteuse, il s’agit d’engager un dialogue intime avec un auteur, avec une œuvre qui nous parle, qui nous dérange, nous obsède parfois, nous stimule souvent, nous inhibe aussi.

Quelle chance tout de même, de pouvoir « communiquer » ainsi avec des artistes morts depuis des lustres, de se sentir ainsi riche de l’émotion que leur travail provoque. Quelle privilège, quelle liberté, de pouvoir se choisir soi-même un ancêtre, un frère de cœur !

L’histoire des arts c’est cela : Un immense arbre généalogique halluciné.

Chacun fait pousser en lui son propre arbre. C’est fou ! quel espace, quelle grandeur insoupçonné en nous-même. Si seulement on pouvait voir les arbres des gens qu’on rencontre, comme ça, comme on embrasse d’un seul regard une forêt rencontré au détour d’une colline.

Jörg Langhans, La Guerre, 2001, technique mixte sur toile, diptyque 195 x 260 cm