Le glissement inattendu vers le noir et blanc

 

Plus j’avançais dans cette série « Des écorces », plus ma palette se réduisait pour finir pratiquement en noir et blanc.

Au début je n’y prêtais aucune attention, ensuite je le constatais avec étonnement, puis je l’acceptais comme une ascèse nécessaire que le sujet lui même m’imposait. Mais un jour, j’ai pris peur. Peur d’être devenu au fil des années un peintre sans couleur ! Avais-je perdu ce « don » de la couleur comme on perd sa mémoire ?

Que s’est-il donc passé ?

J’aime la couleur, j’aime les peintres qui en jouissent librement, c’est une des belles conquête de l’histoire de l’art, n’est-ce pas ? Mais voilà, je peignais des écorces de bouleaux et elles sont blanches ! Aucune soumission à un naturalisme académique ! Non, ici c’était une fidélité têtu à l’émotion primitive que la découverte des bouleaux déracinés avait provoqué chez moi. J’ai couru toutes ces années après ce flash émotionnel. Le blanc ne pouvait être violé par un « coloriste » parce que c’était justement la blancheur lumineuse qui avait tout déclenché. Il fallait que l’écorce reste blanche et que le fond soit sobre, quasiment neutre, souvent noir, en un mot : austère ! Rarement je me suis permis des sorties vers un fond différent, orange, jaune ou bleu.

Ascèse ou assèchement ? Je n’en sais rien. Ce fut ainsi, un bout de chemin…sans doute !

 

image – ©Jörg Langhans – UNTITLED – 2015 – oil on wood – 22,5 x 19 cm