Paradoxe sur le comédien

« les désastres de la guerre «  ( suite )

 

Chose curieuse : l’émotion, l’effroi qui m’avait saisi au début de l’observation des gravures a fait place à une analyse plus froide, presque chirurgicale. Le regard de l’ homme a-t-il cédé sa place à celui du professionnel au regard acéré, à celui de l’artiste au cœur de pierre ?

Tout se passe comme si il fallait que je sois plus distant pour pouvoir tracer avec plus de « vérité » ce que sont pour moi les désastres de la guerre.

Paradoxe sur le comédien de Denis Diderot. Le comédien n’est pas là pour pleurer ou pour rire mais pour faire pleurer et faire rire…c’est pour cela qu’il ne doit en aucun cas être emporté par l’émotion lui-même quand il monte sur les planches.

J’ai l’impression qu’il s’agit un peu de cela…

A l’atelier, l’acte de création a lieu sans témoin et c’est cela qui donne à ce moment précis toute sa particularité (dimension). Pourtant, assez régulièrement, je ressens cette situation comme un replis sur moi-même, voir un enfermement.

Voici donc un autre paradoxe, le paradoxe du peintre : La liberté absolu dont le peintre jouit lui est indispensable ; c’est la condition même de son art, c’est son plus grand trésor et le prix à payer s’appelle la solitude. La liberté-ma prison.

De quoi te plains-tu, cher ami ? N’as tu pas choisi d’être artiste ?

Non, je n’ai rien choisi, c’est la peinture qui m’a choisi.

Et la liberté, alors ?

 

Jörg Langhans, Selfportrait, détail, 2012, gouache and pastel on paper, 105 x 75 cm