Paula Modersohn-Becker

L’intensité d’un regard

 

Exposition au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, 8 avril – 21 août 2016

Quelques lignes jetées dans un carnet en sortant de l’exposition.

L’œuvre de PMB : Rude, simple, profonde !

Peinture épaisse et solide, dense, granuleuse, parfois jusqu’à devenir « bouché », mais toujours sincère.

Son dessin rappelle les premiers dessins de Van Gogh et la couleur de son œuvre tardive la palette de Gauguin…elle s’est choisie une sacrée famille !

1905, à l’atelier de Rodin ( décidément PMB a du nez ), le maitre lui montre ses carnets et ses dessins de nus érotiques. Elle écrit : «  C’est ce qu’il a fait de plus grand ». Recherche de la liberté en dehors du regard du publique.

INTERIORITE et FORCE

Recherche de la grandeur dans l’extrême simplicité. A l’instar des « primitifs » italiens ou de Cranach par exemple.

Similitude quelques fois avec le Douanier Rousseau…frappant dans le beau portrait de son amant Werner Sombart, peint en 1906. Les yeux, la tête, tout très anguleux, presque géométrique. Et puis cette présence étrange, ce regard de « somnambule ». Ambiance qu’on retrouve dans ses premiers paysages, sobres et rêveurs à la fois ; peut-on les qualifier de symbolistes ? Tout son travail échappe aux « dénominations », trop à part, trop à elle ! Lune orange dans paysage marron – sombre, une esquisse d’une église rouge, paysage avec maison et arbre réduit au plus simple signe. Non pas l’apparence des choses vues mais son essence !

Le portrait de Rilke ! Enigmatique, simple, intérieur. Je suis heureux de l’avoir vu enfin « pour de vrai ».

Les portraits d’enfants !!!

EXCEPTIONNELS, peu d’exemples dans l’histoire de l’art où le regard d’un artiste plonge si naturellement et si profondément dans le regard de l’enfance.

Innocence, candeur et audace !

Les maternités : corps si lourds, la nudité crue et sans fard. Encore la beauté des primitifs…mais dite autrement.

INTIMITE des corps et sentiment d’abandon rendu si sensible. Mais SOLITUDE aussi !

AUTOPORTRAITS : A part Frida Kahlo, qui a mis autant de présence dans un autoportrait au XX siècle ?

Intensité d’un regard, titre au combien justifié pour cette exposition.

Interrogation…Qui suis-je ? Mais aussitôt qui es-tu, toi spectateur qui a eu la curiosité/le culot de poser ton regard sur moi, pardon ! Sur mes tableaux, mais c’est la même chose…

NATURES MORTES : un peu plus convenu. Exercice de style réussi mais à mon goût en deçà des sujets où l’être humain est central.

Dans les PAYSAGES, pourtant sans personnages souvent, il y a comme une âme. Les marais, « Moorlandschaften », sont aussi simples que profonds. Vraiment magnifique ! Oui, j’ai l’impression que PMB peignait le reflet de son âme dans ces eaux troubles.

Beaucoup d’œuvres viennent de collections privées…Allez voir l’expo au plus vite !!!