DES ECORCES, suite

(…et des désastres de la guerre )

 

J’ai toujours voulu faire des peintures dans « l’esprit » des désastres de la guerre de Goya. Mais j’ai à chaque fois abandonné mon projet, trouvé cela impossible, voir indécent. Devant l’horreur l’art semble si vain. « Wozu Dichter », « à quoi bon les poètes » disait Hölderlin.

Parfois, quand je peins ces écorces, j’ai pourtant l’impression d’avoir trouvé un chemin détourné pour parler « des désastres de la guerre » sans tomber dans l’affectation du pathos ou d’une dénonciation bien-pensante.

Aujourd’hui, devant nos écrans, nous sommes bombardés d’images d’horreur, nous sommes tous témoins et voyeurs de scènes de guerre. Nous avons l’impression de vivre ces guerres qui ne sont pas les nôtres, « en live ». Que faire avec ce flux d’images, que faire avec l’émotion qu’il peut susciter malgré tout ?

Que faire quand une image chasse l’autre, une émotion efface la précédente ?

Je devais peindre l’anéantissement, l’indifférenciation, le vide et l’oubli.

La forme la plus cruelle de l’anonymat

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J’ai lu récemment un livre qui ma beaucoup troublé : « écorces » de Georges Didi-Huberman. Je n’avait pas pensé à Auschwitz-Birkenau! Prairie de bouleau.

 

La ville détruite, 2017, oil on canvas, 54 x 73 cm, ©jörglanghans